LES PRINCIPAUX STYLES : CODIFICATION DES FORMES
CHOKKAN
droit classique


Dans le style chokkan, l'arbre se dresse droit et vertical, imitant celui qui, dans la nature, pousse dans des conditions idéales, exposé à beaucoup de lumière, sans être confronté à la concurrence d'autres arbres.
Le tronc, qui ne présente pas le moindre mouvement, montre une parfaite conicité, s'effilant uniformément de la base à l'apex. La cime, contrairement aux autres formes, n'est pas inclinée vers l'avant, mais se trouve dans l'alignement du collet. La distribution des trois premières charpentières obéit à des règles strictes : la première branche, qui apparaît à plus ou moins 1/3 de la hauteur du tronc, est soit à droite soit à gauche ; la deuxième est en position opposée à la première, à gauche ou à droite, ou bien à l'arrière de l'arbre, pour donner de la profondeur ; la troisième -si la deuxième est à droite ou à gauche- est positionnée à l'arrière, ou bien -si la deuxième se trouve à l'arrière- est en position opposée à la première, à gauche ou à droite. La distance entre les charpentières diminue en allant vers la cime. Le nebari est en étoile. On peut avoir une ou des branches dirigées vers l'observateur sur la face avant, mais uniquement dans le tiers supérieur de l'arbre.
Cette forme sculpturale sied particulièrement aux conifères.
MOYOGI ou TACHIKI
droit non classique


Le style moyogi ou le style tachiki sont courants dans la nature, où l'arbre change d'orientation en fonction des arbres qui l'entourent et des conditions climatiques auxquelles il est soumis.
Le tronc, qui présente une belle conicité, pousse verticalement, mais suit un mouvement progressif dans une forme de 'S' fluide et élégante, les courbes étant de moins en moins prononcées au fur et à mesure que le tronc s'effile ; ce mouvement est plus ou moins prononcé (il est moins marqué dans le tachiki) mais doit rester naturel.Le tronc porte des branches à l'extérieur des courbes, jamais à l'intérieur de celles-ci, et la distribution des trois premières charpentières est identique à celle du style chokkan
Cette forme élégante convient aux conifères comme aux feuillus.
SHAKAN
penché


Le style shakan reproduit un arbre qui, dans la nature, a subi des vents violents ou qui a grandi dans l'ombre et a dû chercher le soleil, en s'inclinant d'un côté.
Le tronc, qui n'est pas forcément droit mais peut avoir un certain mouvement, pousse à un angle de 45° à 60° par rapport à la verticale. Les racines sont bien développées du côté opposé à l'inclinaison, tandis que les autres sont comprimées, ce qui donne une impression de stabilité. Les branche sont dirigées de manière à s'adapter à l'inclinaison du tronc et la première branche pousse du côté opposé à la direction de l'arbre, pour créer un équilibre visuel.
Cette forme convient aux conifères comme aux feuillus.
FUKINAGASHI
battu par les vents


Le style fukinagashi évoque un arbre qui, subissant une constante exposition à des vents dominants, ne comporte des branches que du côté sous le vent, là où la force de la nature est moins rude.
Le tronc est incliné -ou bien il est d'abord droit puis incurvé- vers la droite ou la gauche, les branches sont toutes pliées et orientées dans la même direction que celle de l'inclinaison du tronc.
Cette forme tourmentée convient à toutes les espèces (particulièrement pins, genévriers et feuillus résistants tels que les aubépines).
HAN-KENGAI
semi-cascade


Le style han-kengai reflète les effets de la croissance d'un arbre poussant dans des conditions extrêmes, sur le flanc d'une montagne ou sur la berge d'une rivière. Le tronc semble avoir été courbé presque à l'horizontale par la chute de rochers, de pierres ou de terre.
La cime de l'arbre pousse au-dessus du bord du pot ; les branches, elles, peuvent retomber au-dessous du bord mais pas en-dessous de la base du pot. Celui-ci, ordinairement de section carrée ou hexagonale, a une certaine profondeur pour équilibrer la silhouette de l'arbre.
Cette forme est couramment utilisée pour les conifères (comme le genévrier) et pour certaines plantes à port rampant (comme le cotonéaster).
KENGAI
cascade


Le style kengai évoque un arbre qui a poussé sur une paroi rocheuse, dans des conditions très difficiles, et qui, ayant subi chutes de neige, éboulements, voire avalanches, a adopté une forme retombante, sa cime se retrouvant sous son point d'enracinement.
Le tronc, long et flexible, se courbe jusqu'à tomber au-delà de la base du pot. La cime de l'arbre pousse normalement au-dessus du bord du pot, mais les branches inférieures alternent à droite et à gauche le long du tronc qui descend en forme de 'S'. Le pot doit être profond pour mettre en valeur la cascade.
Cette forme est à réserver aux conifères, les espèces feuillues risquant de faiblir au point le plus bas.
HOKIDACHI
balai


Le style hokidachi évoque des arbres de plaine qui poussent isolés et rappelle la forme naturelle de plusieurs variétés de Zelkova.
Le tronc est droit et vertical, plutôt court, et présente à son sommet des branches qui prennent naissance à la même hauteur et rayonnent dans toutes les directions. Les branches et les feuilles forment une couronne arrondie à laquelle répond un nebari étoilé.
Cette forme est idéale pour des feuillus avec une ramification dense et fine.
A côté de cette forme stricte, il existe un autre type d'hokidachi où les branches, au lieu de partir toutes à la même hauteur, s'étagent le long du tronc -qui reste droit comme précédemment- et forment le même dôme de végétation semi-sphérique.
BUNJINGI
literati ou lettré


Le style bunjingi représente un arbre qui a poussé dans un endroit densément peuplé, où la concurrence l'a obligé à grandir pour accéder à la lumière et à concentrer son feuillage au sommet.
Le tronc, qui dessine des courbures expressives, est long et fin : en théorie le rapport diamètre/hauteur ne doit pas être inférieur à 0,1 (autrement dit à un diamètre de 5 cm correspond une hauteur de 50 cm). Il présente juste quelques branches placées assez haut et un feuillage assez rare. Le literati est placé dans un pot rond, peu profond et pas trop grand, pour ne pas altérer le caractère élégant de l'arbre.
Cette forme est idéale pour les conifères, surtout les pins.
SOKAN,SOJU et SANKAN
double et triple tronc


Le style sokan est l'association de deux arbres partageant un seul système racinaire, phénomène qui se produit quand deux plantes, issues de graines collées ensemble, fusionnent par greffe naturelle et sont jointes à leur base.
Les deux troncs, qui sont soudés au niveau du sol (ou légèrement au-dessus), sont de préférence de taille différente : l'un est plus haut et a une circonférence plus importante que l'autre.
A noter que, si les deux troncs sont séparés, on a un "père" et un "fils", et la composition prend le nom de SÔJU.
Avec trois troncs soudés au lieu de deux, on a un SANKAN.
Ces formes conviennent aux conifères comme aux feuillus.
KABUDACHI
troncs multiples


Le style kabudachi imite le phénomène naturel qui se produit lorsque, après la mort ou la chute d'un arbre, de nouvelles pousses naissent de la souche et finissent par fusionner à la base. Il est identique au style sokan ou sankan, mais avec davantage de troncs soudés, partageant le même système racinaire et ne constituant qu'un seul arbre.
Les troncs forment ensemble le branchage et le feuillage, et c'est le tronc le plus épais et le plus développé qui forme le sommet de l'arbre. Le abudachi peut présenter un équilibre stable, avec des troncs qui ont peu de mouvement et ne se concurrencent pas entre eux, ou un équilibre mobile, avec des troncs dotés de mouvement et un élément particulièrement accentué (par exemple, un mouvement latéral comme si le groupe poussait au bord d'un étang et que le tronc situé le plus près de l'eau s'inclinait au fil de temps vers celle-ci).
Cette forme est adaptée aux feuillus.
YOSE-UE
groupe ou forêt


Le style yose-ue reproduit un taillis, un bosquet,un bois, voire une forêt...en miniature. Il est composé d'autant d'arbres qu'on le veut, mais en nombre impair (sauf au-delà de onze, où les nombres pairs sont admis). Il ressemble au style kabudachi, à cette différence qu'il est constitué de plusieurs arbres indépendants et non d'un seul arbre avec plusieurs troncs.
Les arbres sont plantés en quinconce, pour qu'aucun tronc ne soit caché par un autre et parce qu'ainsi la forêt paraît plus réaliste et naturelle.
Les bosquets ou forêts prennent un nom différent selon le nombre d'arbres qui les composent : sambon-yose (3 arbres), gohon-yose (5 arbres), nanahon-yose (7 arbres), kyûhon-yose (9 arbres). C'est à partir de 11 arbres qu'on parle véritablement de yose-ue.
IKADABUKI
radeau


Le style ikadabuki évoque un phénomène naturel, celui d'un arbre renversé par les éléments naturels, mais qui reste vivant si quelques racines demeurent fixées au sol : alors que de nouvelles racines émergent, qui remplaceront à terme celles d'origine, les anciennes branches poussent à la verticale et se transforment en troncs.
Ce groupe d'arbres aux racines communes prend place dans des pots longs, étroits et ovales, ou sur des fines dalles d'ardoise ou de roche.
Cette forme convient aux feuillus et aux conifères.
SEKI-JOJU et NEAGARI
racines enserrant la roche - racines à nu


Le style seki-joju s'inspire des arbres qui, sur des terrains rocailleux, sont obligés de chercher avec leurs racines des sols riches en nutriments, souvent situés dans des fissures ou des trous.
Les racines poussent par-dessus la roche jusque dans le pot, où elles s'enfoncent dans le substrat.

Le style neagari s'inspire des arbres très anciens, aux racines devenues apparentes, qui leur donnent l'air d'être montés sur pilotis. Il ressemble au style seki-joju, mais sans présence de minéral : les racines ne s'agrippent pas à la roche mais, s'élevant à l'air libre, constituent une partie du tronc.
Ces formes, en principe, conviennent à toutes les espèces d'arbres, dotés de grandes racines matures.
ISHITSUKI
planté dans la roche


Dans le style ishizuki, qui prend l'apparence d'un paysage miniature, les racines de l'arbre poussent dans les fissures et les trous d'une roche présentant des cavités naturelles ou artificielles. La roche sur laquelle est enraciné le bonsaï est souvent placée dans un pot peu profond, qui est parfois rempli d'eau ou de gravier fin.
Pour des raisons d'échelle, cette forme est plus appropriée aux petits conifères.
SHARIMIKI et SABAMIKI
tronc écorcé ou évidé


Les styles sharimiki et sabamaki reproduisent l'aspect naturel des genévriers et des pins âgés, qui montrent parfois des zones de tronc écorcées ou évidées, résultats de la foudre, de conditions météorologiques difficiles ou de maladies.
Les bois morts, qui imitent le bois flotté ou le bois éclairci par le soleil, sont traités avec du sulfate de calcium pour en accélérer le blanchiment. C'est le contraste entre les parties mortes, écorcées ou évidées, et le feuillage bien vert, qui fait la beauté des bonsaï.
Ces formes s'appliquent aux conifères.